Page:Sand - Valvèdre.djvu/46

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frère et rien que le frère de cette charmante fille. D’ailleurs, tu serais bien ridicule de vouloir lutter contre un rival aimé, et sans doute plus que toi digne de l’être. N’es-tu pas déjà un peu coupable d’avoir tressailli légèrement au frôlement de cette robe virginale ?

Obernay arrivait ; je courus au-devant de lui pour l’avertir de l’événement. Sa figure rose passa au vermillon le plus vif, puis le sang se retira tout entier vers le cœur, et il devint pâle jusqu’aux lèvres. Devant cette franchise d’émotion, je lui serrai la main en souriant.

— Mon cher ami, lui dis-je, je sais tout, et je t’envie, car tu aimes, et c’est tout dire !

— Oui, j’aime de toute mon âme, s’écria-t-il, et tu comprends mon silence ! À présent, parlons raison. Cette arrivée imprévue, qui me comble de joie, me cause aussi de l’inquiétude. Avec les caprices de… certaines personnes… ou de la destinée…

— Dis les caprices de madame de Valvèdre. Tu crains de sa part quelque obstacle à ton bonheur ?

— Des obstacles, non ! mais… des influences… Je ne plais pas beaucoup à la belle Alida !

— Elle s’appelle Alida ? C’est recherché, mais c’est joli, plus joli qu’elle ! Je n’ai pas été émerveillé du tout de sa figure.

— Bien, bien, n’importe… Mais, dis-moi, puisque tu l’as vue, sais-tu ce qu’elle vient faire ici ?

— Et comment diable veux-tu que je le sache ? J’ai