Page:Sand - Valvèdre.djvu/58

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d’une âme ardente et jeune comme la mienne de lui faire vaincre les scrupules qui la retiennent !

Je me gardai bien de faire part de ces réflexions à Obernay. Je feignis, au contraire, d’acquiescer à tous ses jugements, et je le quittai sans lui avoir opposé la plus légère contradiction. — Je devais revoir Alida, comme la veille, à l’heure du signal de Valvèdre. Fatiguée de la journée de mulet qu’elle avait faite pour venir de Varallo à Saint-Pierre, elle gardait le lit. Paule travaillait à ranger des plantes qu’elle avait fait cueillir en route par les guides, et qu’elle devait, dans la soirée, examiner avec son fiancé, qui lui apprenait la botanique. Instruit de ces détails, et voyant Obernay partir tranquillement pour la promenade en attendant l’heure d’être admis à faire sa cour, je me dispensai de l’accompagner. J’errai à l’aventure autour de la maison et dans la maison même, observant les allées et venues du domestique et de la femme de chambre d’Alida, essayant de surprendre les paroles qu’ils échangeaient, espionnant en un mot, car il me venait comme des révélations d’expérience, et je me disais avec raison que, pour juger le problème de la conduite d’une femme, il fallait avant tout examiner l’attitude des gens qui la servaient. Ceux-ci me parurent empressés de la satisfaire ; car, sonnés à plusieurs reprises, ils parcoururent la galerie, montèrent et redescendirent vingt fois l’escalier sans témoigner d’humeur.

J’avais laissé la porte de ma chambre ouverte ; il