Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/482

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cette même route qui les avait vus, quelques mois auparavant, triomphants, ivres de joie et se prélassant sur les coussins moëlleux d’une chaise de poste ! Blottis chacun dans un coin de l’intérieur de la diligence, ils se taisaient, et n’avaient pas même pour se consoler ou se distraire la ressource des récriminations : la révolution de février les renvoyait, comme on dit, dos à dos. Gaston et Laure n’osaient lever les yeux l’un sur l’autre. Roulée dans son manteau, enveloppée de fourrures, les mains dans son manchon, la marquise douairière, honteuse comme une fouine qu’un mulot aurait pris, s’abîmait dans ses réflexions, qui n’étaient pas couleur de rose. Il y avait des instants où elle se croyait le jouet d’un abominable cauchemar ; mais la présence de M. Levrault, assis vis-à-vis d’elle la rappelait bientôt au sentiment de la réalité. Pauvre comme devant, elle retour-