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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/123

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comment pousse la coquetterie.

le sentiment qu’elles ont d’être quelque chose, ne fût-ce qu’une ombre, dans cette noble et héroïque institution de la Légion d’honneur. Les jeunes filles capables d’esquisser une révérence aussi modeste et aussi fière à la fois sont, évidemment, destinées à faire, un jour, des femmes du monde.

Alors, monsieur le chancelier, voulez-vous me permettre de vous demander humblement pourquoi vous exigez que ces chères petites y fassent leur début aussi terriblement fagotées ? Ce n’était, autour de moi, qu’un cri de compassion.

Quel dommage ! disait-on, ému de tant de charme naturel joint à tant de laideur voulue.

Et, vraiment, il fallait toute la grâce de la jeunesse, qu’aucune hideur ne peut étouffer, pour ne pas éclater de rire au nez de vos pauvres légionnaires en grande tenue de cérémonie. Quelle tenue, monsieur le chancelier ! Et se peut-il qu’un règlement demeure assez inflexible pour ne point se troubler devant ces allures de mascarade et ces couleurs de croque-mort ?

J’ai beau être pénétrée du respect de toutes les traditions et sentir la grandeur de la règle et de la discipline, je ne puis croire qu’il soit indispensable que nos filles d’officiers donnent, à une assemblée élégante et choisie, l’impression d’être parmi elle des petits singes habillés,