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la femme.

vous m’avez aidée dans une bonne intention. »

Or, voyez le nœud du drame, nœud fatal et à jamais exécré :

L’entrepreneur, ayant besoin de la livraison immédiate d’un certain ouvrage, et pour une fois s’asseyant sur toute prudence, se permit d’envoyer à l’amie une dépêche libellée en ces termes trois fois trop clairs :

« Veuillez prier Mme L… de m’expédier, si possible, après-demain, dernière commande chemin de table. Très pressé. Paierai en conséquence. »

La foudre tombant sur l’Enregistrement n’eût pas produit effet plus désastreux. Le mari prit connaissance du télégramme et, en attendant le retour de la coupable, s’arracha les cheveux. Toute la ville, sans aucun doute, allait apprendre que sa femme, si bien vue dans le monde, et tenant presque le haut du pavé, travaillait et recevait, en échange, une rémunération. Pouah ! pouah ! pouah !

Il arrangea l’infâme comme il convenait, et lui démontra, de la façon la plus véhémente, qu’une femme du monde gardant le moindre respect d’elle-même se saigne aux quatre veines, prive sa fille de tout plaisir, s’arrange comme elle peut, mais n’accepte point la honte d’un salaire.

Ma « victime » se rendit d’autant mieux à la