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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/311

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les trois vœux.

seuil de l’an neuf, puisque ces biens — si enviés, pourtant — deviennent joies ou désenchantements, selon les mains qui les recueillent ?

À la plus puissante de ces marraines, je demanderais pour nos filles :

La faculté d’aimer.

D’aimer largement, généreusement, un peu passionnément, même : d’aimer tout ce qui est digne d’être aimé : les êtres vivants, la mémoire de ceux qui ne sont plus, la musique, les fleurs, le travail, les chefs-d’œuvre de la nature et des hommes…, d’aimer et de souffrir avec ceux qui souffrent, ce qui est la meilleure manière de les consoler : d’aimer et d’être heureux du bonheur de ses semblables : de vivre cent fois sa vie, en créant autour de soi la vie et la joie ; d’aimer, enfin, jusqu’à la peine, jusqu’à la douleur, car c’est encore sentir son cœur battre et le répandre ; c’est être riche de toute la tendresse qu’on donne et que parfois, en retour, on reçoit.

Les êtres qui savent aimer, pauvres ou fortunés, ne sont jamais complètement malheureux ; ils possèdent le rayon divin, ils illuminent ce qu’ils touchent.

À la deuxième fée, je demanderais — comment appellerais-je cela ? — l’ordre…, l’ordre moral.

Vous ne trouvez pas mon vœu très clair. Je vais tenter de me faire comprendre.