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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/383

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leur éducation et la nôtre.

conclusion, est essentiellement bien élevé.

Voyez, cousine, comme on s’instruit en voyageant. Je me figurais à peu près tout le contraire ; pour moi, l’Anglais était un être de conquête, énergique, solide et musclé…, très respectueux de la dignité humaine, mais dépourvu, au plus haut point, des qualités séduisantes dont nous aimons à parer l’éducation.

Peut-être, après tout, ne donnons-nous pas au mot la même signification !

— Chez-nous (comment expliquerai-je cela ?), l’éducation tend, il me semble, à modeler de formes agréables des sentiments toujours aimables et, quelquefois, profonds. La correction ne suffit pas à faire, de nos petits Français, de nos Françaises, des enfants accomplis. Nous essayons de glisser, en eux, ce je ne sais quoi d’ailé qui est la grâce et dont il nous est doux d’embellir notre vie. Nous illuminons la politesse d’un sourire et ne la jugeons satisfaisante qu’à ce prix ; nous enseignons, à ceux que nous élevons, que le don de soi, l’art d’en faire les honneurs à ceux que nous aimons tient de la plus délicate des civilités ; au besoin, nous remplaçons le respect par la tendresse et mettons la bonne humeur au rang d’une vertu. Nos esprits ensoleillés, nos cœurs expansifs, s’accommodent mal d’une discipline rigide et sèche, et c’est