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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/385

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leur éducation et la nôtre.

les. Et, comme cette tenue me scandalisait et que j’y voyais l’indice d’une brouille ou d’une éducation détestable :

— Ça était tout naturel, m’expliqua une jeune miss, qui jugea mon émoi stupide.

Il n’est pas rare de voir deux jeunes gens entrer dans un restaurant, s’attabler, tels de bons amis, commander des vins copieux, force viandes et « végétables », et n’ouvrir la bouche, pendant une heure et demie d’horloge, que pour mastiquer.

Et, comme mon sang de Française ne faisait qu’un tour devant un flegme si peu dans notre caractère, toujours prêt à l’effusion, il me fut répondu cette phrase, que je livre à vos pensées :

— Les Anglais ne parlent que lorsqu’ils ont quelque chose à dire.

Eh bien ! c’est du joli !… Que deviennent, alors, ces riens charmants dont pétille notre conversation, ces menus propos qui volent, vont, viennent, passant du grave au léger, du tendre au spirituel, s’interrompant en demi-silences pour repartir en saillies, et n’admettant le doux et vrai silence que lorsqu’il est le prolongement délicieux d’intimes pensées ?

Et, tenez, un autre trait, qui vous aidera mieux encore à saisir tout ce qui nous sépare :

En Angleterre, chaque soir, les femmes arbo-