Page:Sardou - La haine.djvu/156

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LE MOINE.

Une femme ?

GIUGURTA.

Ma sœur !

LE MOINE.

Ah ! c’est vous, seigneur Giugurta !… (A la vue de Cordelia.) Dieu ! qu’elle est pâle !… (Il se penche sur elle.) Appelez de ce côté !…

GIUGURTA, tirant un flacon.

Inutile, mon Frère !… J’ai ici de quoi la ranimer !…

LE MOINE, agenouillé près de Cordelia.

Un cordial ?

GIUGURTA, ouvrant le flacon.

Oui !…

LE MOINE.

Donnez !…

GIUGURTA, surpris.

Vous voulez, vous-même ?…

LE MOINE, tendant la main.

Oui, oui, donnez vite !…

GIUGURTA, lui donnant le flacon.

A la volonté de Dieu !… (Le moine approche le flacon des lèvres de Cordelia et la fait boire. Giugurta ne le perd pas de vue. — Silence.)

LE MOINE, déposant le flacon sur les marches.

Est-ce chagrin qui la met en cet état, ou maladie ?

GIUGURTA, froidement.

Maladie… j’en ai peur maintenant !…

LE MOINE, se relevant avec inquiétude.

Dieu veuille que ce ne soit pas la première atteinte de cet horrible fléau !

GIUGURTA.

La peste !…

LE MOINE, reculant, de plus en plus inquiet.

Nous n’aurions plus qu’il fermer l’église, comme il est ordonné… pour interdire il tous son approche !