Page:Saussure - Cours de linguistique générale, éd. Bally et Sechehaye, 1971.djvu/159

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sivement au point de vue du signifié ou concept (§ 2), du signifiant (§ 3) et du signe total (§ 4).

Ne pouvant saisir directement les entités concrètes ou unités de la langue, nous opérerons sur les mots. Ceux-ci, sans recouvrir exactement la définition de l'unité linguistique (voir p. 147), en donnent du moins une idée approximative qui a l'avantage d’être concrète ; nous les prendrons donc comme spécimens équivalents des termes réels d’un système synchronique, et les principes dégagés à propos des mots seront valables pour les entités en général.

§ 2.

La valeur linguistique considérée dans son aspect conceptuel.

Quand on parle de la valeur d'un mot, on pense généralement et avant tout à la propriété qu’il a de représenter une idée, et c'est là en effet un des aspects de la valeur linguistique. Mais s’il en est ainsi, en quoi cette valeur diffère-t-elle de ce qu’on appelle la signification ? Ces deux mots seraient-ils synonymes ? Nous ne le croyons pas, bien que la confusion soit facile, d’autant qu’elle est provoquée, moins par l’analogie des termes que par la délicatesse de la distinction qu’ils marquent.

La valeur, prise dans son aspect conceptuel, est sans doute un élément de la signification, et il est très difficile de savoir comment celle-ci s’en distingue tout en étant sous sa dépendance. Pourtant il est nécessaire de tirer au clair cette question, sous peine de réduire la langue à une simple nomenclature (voir p. 97).

Prenons d’abord la signification telle qu’on se la représente et telle que nous l’avons figurée p. 99. Elle n’est, comme l’indiquent les flèches de la figure, que la contre-partie de l'image auditive. Tout se passe