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Le mois d’août

Les personnes qui veulent éviter les familiarités du Sotré, — et il s’en permet, paraît-il, de très choquantes, — doivent se mettre les bras en croix au moment de s’endormir. Quelques-unes placent un couteau ouvert sur leur poitrine : le Sotré se blesse, s’enfuit et ne revient plus.

Le même esprit prend aussi quelquefois l’apparence d’un tourbillon de vent, dispersant, entraînant à de grandes distances tout ce qu’il rencontre, feuilles, brindilles, paille, foin. Il n’est pas jusqu’aux femmes et aux enfants qu’il ne traite avec le même sans-gêne. De là tant de disparitions d’êtres chers, que l’on a signalées un peu de tout temps. On comprend, par ce qui vient d’être dit, combien il est dangereux de déplaire à cet esprit, de l’irriter, de s’exposer à s’en faire un ennemi.

Culâ a plus mauvaise réputation encore. C’est un enjôleur, un maître fourbe, un traître incapable du moindre bon mouvement. Toujours agité, toujours errant, il se présente sous mille formes, chandelle, cierge, lanterne, boule de feu, bouc aux yeux flamboyants. Passez-vous près d’une mare, entrez-vous dans l’un de ces terrains marécageux connus dans les Vosges sous le nom de feignes, et d’où le voyageur a tant de peine à sortir, une fois qu’il y a mis le pied, vous avez de grandes chances de voir Culâ se