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le mois de février

Cependant, de recueillie et de silencieuse qu’elle se montrait au début, la foule est devenue peu à peu bruyante et agitée. De plaisants commentaires accompagnent les derniers appels de noms, les lazzi se croisent, les traits mordants, les bons mots se succèdent sans interruption. On n’en garde pas moins une réserve relative, une attitude suffisamment digne et décente, et quand, la liste des épouseurs épuisée, les curieux songent à regagner leurs demeures, ils le peuvent faire sans échange de horions.

Tout n’est pas terminé, cependant. L’heure va sonner bientôt pour les Valentins d’entrer à leur tour en scène, et de faire connaître leurs bonnes ou mauvaises dispositions. Celui qui est satisfait de son lot se met immédiatement en quête de la bouteille de vin ou de liqueur qui, le soir venu, devra gonfler sa pochette, quand il se rendra chez la compagne qui lui est échue. Ce tribut est strictement dû ; c’est ce que l’on appelle racheter sa fehhnotte, c’est-à-dire sa fiancée de carnaval. Celle-ci, qui s’attend à la visite du galant, a déjà dressé sur la table, pour le recevoir, d’appétissantes galettes. On s’assied, on mange, on boit, on trinque, et, après avoir devisé joyeusement, on va finir la soirée ensemble au bal public. Pour peu que l’accueil des parents ait été gracieux, le jeune homme se considère comme