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le mois de mars

raiges, on ne dit pas de fiauves (contes), on chante peu, on ne danse guère, c’est vrai, mais on se dégourdit bellement la langue à parler de mille choses intéressantes, telles que sorcelleries, diableries, finesses, méchants tours, sans oublier les curiosités de la dernière foire, les nouvelles fraîchement arrivées du chef-lieu, la tournée du colporteur, etc. Quand tous ces sujets sont épuisés, on s’en prend à l’occasion au voisin, et l’on ne se fait faute de déprécier sa femme, son cochon et son âne. Ah ! le voisin, quel plaisir de compter ses verrues, de faire l’inventaire de ses chemises ! Et comme le montagnard vosgien s’entend à blasonner — un mot pourtant qui n’est pas dans son vocabulaire — non seulement les gens qui lui déplaisent, mais encore, et surtout, les pays dont ils sont sortis.

Nous ne dirons mot ici des sobriquets personnels, si heureux et si bien tournés qu’ils puissent être, mais comment résister à la tentation de citer quelques-uns des dictons qui se rapportent aux villes, aux villages, et qui, frappant tout le monde, n’endommagent sérieusement personne ? Le caractère national ne s’affirme nulle part davantage que dans ces jeux d’esprit, où l’exagération du trait nuit rarement à la ressemblance des portraits. Jugez-en plutôt.