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Page:Savary - La Tour de la lanterne (= Les Malheurs de Liette) 2e édition - 1913.pdf/11

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LA TOUR DE LA LANTERNE.


II

PREMIERS PAS — PREMIÈRES EXPLORATIONS



Liette a pris sa volée.
  Liette a maintenant deux ans. Elle marche seule, donnant la main à sa bonne, une grande villageoise haute de 1 m. 40, toute carrée, qu’elle s’obstine spirituellement à appeler « Botte ».

Pour se garantir d’un ardent soleil, Botte est rentrée sous les porches. C’est là, du reste, que, chaque matin, se fait la promenade qui précède le déjeuner.

Lorsque ces deux géantes passent devant M. Lesombre, qui attend le client sur sa porte, le coiffeur fait d’innocentes agaceries à la petite fille, tout en admirant les jolies boucles blondes de ses cheveux, qui lui promettent, songe-t-il, de beaux succès plus tard.

Berteau, lui, contemple ses tout petits pieds ronds, qui, pour le quart d’heure, trébuchent à tout instant sur l’asphalte.

Les voisins de Liette lui sont affables. C’est à qui la choiera. Elle est devenue, depuis son retour de nourrice, le petite chérie du quartier. Tons ces braves gens l’aiment, car son mignon sourire s’adresse indistinctement à tous ; ils veulent oublier même la : réserve de Mme Baude qui, par éducation, ne voisine pas.

Mais, comme madame n’a pas défendu de parler aux voisins, Botte, qui ne déteste pas les petits cancans, fait des poses devant chaque boutique, répondant, avec sa simplicité de paysanne, aux demandes souvent indiscrètes qui lui sont faites.