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Page:Savary - La Tour de la lanterne (= Les Malheurs de Liette) 2e édition - 1913.pdf/178

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IX

DESILLUSION



Le lendemain, à la première heure, Liette, son léger paquet à la main, saute allègrement à terre, et regardant de tous côtés, cherche à s’orienter.

Elle reconnait vite la topographie du port. Sans hésiter, elle s’avance vers la ville ; mais, à deux pas de l’inoubliable fontaine où le vieux sylvain continue à ouvrir la bouche, et auprès de laquelle ne stationnent ni servantes, ni marchands d’eau, ce qui l’étonne, l’énergie qui l’a soutenue jusqu’ici lui fait subitement défaut. Elle n’ose plus regarder cette rue si connue, qu’elle a parcourue tant de fois toute petite filé ; et marchant maintenant très doucement comme prise de peur, elle ralentit l’instant suprême du bonheur ineffable qui l’attend. Elle avance à petits pas. Puis, tout à coup, elle n’y est plus…

Est-ce une illusion ? La rue, en cet endroit, semble avoir changé d’aspect ? une construction neuve et monumentale occupe l’espace où devraient se trouver l’imprimerie et la librairie de son grand-père. Cependant, à côté elle reconnait encore intacte la porte de la maison de ses amis Maurel : il n’y a’donc pas à douter, c’était bien là ; elle ne se trompe pas.

Si la maison a disparu, eux, que sont-ils devenus ? —

Pour le savoir, sans hésiter, Liette va frapper chez les anciens