Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/32

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aux vitres, sortit du débit et courut à lui dès qu’elle l’aperçut.

— Il faut que tu voies une proella, dit-elle avec une joie un peu orgueilleuse des vieilles coutumes pittoresques de son île, une admiration naïve pour son petit coin de terre. — Il y en aura justement une chez Etienne Stéphan de Kergoff. Son fils est mort, suis-moi, je m’y rendrai dans la soirée.


Après dîner, ils s’en allèrent vers le petit village de la côte Est où demeuraient les Stéphan.

Barba causait avec loquacité. Elle était heureuse de posséder un auditeur patient, à qui faire partager ses enthousiasmes.

— Cela fera une proella de plus, un marin de moins au cimetière. On est fier, pourtant de ceux qu’on arrive à « crocher du fond ». Ainsi, c’est l’habitude de porter tous les cinq ans à l’ossuaire ceux qui reposaient dans leurs tombes : seuls les noyés qu’on a pu ensevelir demeurent toujours dans leurs tombes. Tu pourras voir qu’on ne touchera jamais à la fosse de l’Anglaise.

— Qui donc l’entretient, demanda Herment, les parents de la morte envoient-ils de l’argent pour cela ?

Barba s’indigna :