Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/36

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couchée sur deux coiffes, posées l’une sur l’autre, en forme de croix.

Barba, frappée par la coïncidence, admirait que ce deuil arrivât précisément au milieu des fêtes de la Toussaint. Elle s’interrompait de causer pour reprendre les oraisons. Parfois, les voix monotones semblaient s’assoupir. On entendait alors des gémissements, de longs sanglots, et puis les invocations recommençaient, fiévreuses, dans le grand calme du soir dominé par le cantique alangui des eaux.


Tout à coup, des cris de terreur arrachèrent Herment à sa demi-somnolence. Dans l’ouverture de la porte une ombre, s’était dessinée. Une ombre se tenait là, immobile.

Ce fut un désordre sans nom. Les assistants s’écartèrent épouvantés. Car cette apparition était la seule au monde, vraiment, qui pût causer tant d’effroi. Un homme ? Un spectre bien plutôt. Celui-là était rayé du monde des vivants. Sa pâleur était celle d’un mort, ses yeux hagards semblaient paralysés dans leurs orbites. Il était sans souffle, comme glacé lui-même de l’horreur qu’il inspirait à tous. Enfin l’intrus fit quelques pas, dans un reculement général, un