Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/55

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Or Herment la regarda sans sourciller.

— Me faut-il croire, Angèle, que tu sois à ce point sevrée de ce plaisir ?

— Vous savez bien que nous n’avons ici que des marins, des plougs, et des soldats pires que des brutes.

— Angèle, fit Herment qui cherchait une échappatoire, mais n’es-tu pas l’amie de Barba ?

— Non !.. Vous croyez qu’elle se gênerait à votre place ?

Herment réfléchit deux secondes.

— C’est juste. Eh bien ! suis-moi : je connais un endroit beaucoup plus favorable. Et il la ramena jusqu’au bourg, où il profita d’une rencontre pour la quitter.

— Mais le soir, tout le monde apprit de la voix de Juliette qu’Herment avait eu les faveurs d’Angèle.

Celle-ci, dans cette affaire, avait vraiment manqué de psychologie. Car rien n’aurait su troubler le flegme de Barba. En lui rendant sa clé, Angèle, pour éveiller sa jalousie, lui jeta quelques mots à l’oreille, en se tordant de rire.

— Tu ferais mieux de courir chez toi, lui dit Barba, on te cherche partout, ta petite fille est au plus mal.