Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/76

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mer déferle avec furie sur Keller et les marées, unies au courant du bras de mer qui sépare Keller d’Ouessant, forment un remous impétueux. Pour alléger la partie échouée, on jeta à l’eau une centaine de tonnes de charbon, sans bénéfice appréciable.

Vers six heures du soir, deux remorqueurs dépêchés de Brest, profitèrent de la pleine mer pour tenter un renflouement. Ils purent seulement faire glisser le vapeur d’un mètre en arrière. On remit les travaux au lendemain. À la tombée de la nuit, de nombreuses personnes tentèrent de monter à bord, mais des sentinelles parvinrent à interdire l’accès du pont.

Le jour suivant, dès l’aube, le Titan fixa ses remorques sur l’avant du cargo et l’Infatigable, à bord duquel la femme et les enfants du capitaine étaient venus se réfugier, installa ses câbles sur l’arrière. Les deux vapeurs unirent leurs efforts et la Marimba battit en arrière avec son hélice. La tension des câbles fut telle qu’on craignit de les voir se rompre. Très lentement, le steamer se dégagea de la roche et flotta. Mais, par la déchirure de six mètres qu’il portait à son étrave, l’eau envahit les compartiments étanches. Sous sa pression formidable, les cloisons ne résistèrent pas. Le bateau se coucha