Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/83

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Ces corvées sont un des vieux usages du pays. On y tricote ou on y file, selon les besoins de l’amie chez laquelle on se réunit ; et la besogne, ainsi faite en commun, avance rondement. Jadis, les hommes, les marins en congé, se joignaient même aux femmes pour filer et carder la laine qu’on donnait ensuite aux tisserands. C’était l’époque où l’on faisait à Ouessant tout le drap employé pour les vêtements, une étoffe à grains, très lourde mais inusable et fort chaude, point teinte, dont quelques vieilles s’habillent encore. Avec la laine moins belle et avec les débris de vêtements effilochés, on confectionnait les jupons et les eurujés. — De même, on cultivait autrefois le lin ; il produisait une toile résistante à laquelle on a renoncé depuis l’apparition des cotonnades dans l’île.

Ainsi, les heures étaient laborieusement employées. En même temps, on causait des événements du jour.

Ce soir-là, on commentait avec animation un mariage « sans cloches » qui avait failli avoir lieu dans la matinée.

Lorsqu’une jeune fille a fauté avant son mariage, la cure lui refuse la sonnerie des cloches coutumière au moment de l’entrée des noces à l’église, ce qui constitue un affront auquel les