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COLLÈGE DE FRANCE.


DISCOURS D’OUVERTURE DU COURS D’ÉCONOMIE POLITIQUE

de l’année scolaire 1831-1832[1].
Messieurs,

Je vous demanderai la permission de vous répéter quelques idées générales qui ne vous sont point étrangères, mais qu’il est bien utile de se rappeler dans leur ordre.

Une société politique, une nation, est une réunion de familles liées par des intérêts communs, par des convenances géographiques, par les mêmes lois.

Dans le mot de lois, il faut comprendre toutes les obligations, même celles qui ne sont imposées que par l’usage, auxquelles on est, à quel que titre que ce soit, dans la nécessité de se soumettre.

De ces lois les unes sont imposées par la nature des choses, les autres par une législation positive.

Les lois politiques sont celles qui règlent les obligations réciproques des citoyens et du gouvernement ; les lois civiles qui déterminent les obligations réciproques des citoyens entre eux ; les lois économiques qui font connaître les conditions naturelles ou de convention, au moyen desquelles nous pouvons jouir des biens dont l’homme fait usage dans l’état de société ; et d’où dépendent l’entretien, la continuation, le bien-être des familles et de la société.

Toutes ces lois peuvent être l’objet d’études spéciales, qui en rendent la connaissance plus parfaite, plus complète.

Celles qui ont rapport aux biens, à leur distribution et à l’usage que nous en faisons (à nos intérêts, en un mot), sont l’objet de l’étude dont

  1. J.-B. Say a été nommé professeur au Collège de France, le l6 mars 1831. La création de cette première chaire d’Économie politique s’était fait longtemps attendre ; déjà la santé du savant professeur était fortement altérée, et il ne devait pas occuper longtemps ce poste où l’appelaient tant de titres, et où il aurait pu rendre de si grands services à la science. (Note des Éditeurs.)