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CHAP. XXX. — DES EMPRUNTS PUBLICS.

les emprunts publics entraînent une consommation improductive, une destruction de capitaux.

Un capital ainsi prêté n’aurait-il pas été consommé de même, s’il fût resté entre les mains des particuliers ?

Non ; les particuliers qui ont prêté un capital avaient l’intention de le placer, et non de le consommer. S’ils ne l’eussent pas prêté au gouvernement, ils l’auraient prêté à des gens qui l’auraient fait valoir ; ou bien ils l’auraient fait valoir eux-mêmes ; dès lors ce capital aurait été consommé reproductivement au lieu de l’être improductivement. Si cette portion du capital national servait précédemment des usages reproductifs, le capital national est diminué de tout le montant du prêt ; si elle était le fruit d’une nouvelle épargne, le capital national n’a pas été accru par cette épargne.

Le revenu total de la nation est-il augmenté ou diminué par les emprunts publics ?

Il est diminué, parce que tout capital qui se consomme entraîne la perte du revenu qu’il aurait procuré.

Cependant, ici, le particulier qui prête ne perd point de revenu, puisque le gouvernement lui paye l’intérêt de ses fonds ; or, si le particulier ne perd aucun revenu, qui peut faire cette perte ?

Ceux qui font cette perte sont les contribuables