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ce. J’ai trouvé les premiers, dit Dumont, tique de d’Espagne, Défense de l’Usur dance. J’ai trouvé les premiers, dit Dumont, pleins de renvois à des traités qui étaient simplement en projet, mais dont les divisions, les formes, les idées principales existaient déjà sur des tableaux séparés. » En 1780, Bentham publia l’Introduction aux principes de législation et de morale où il expose la doctrine de l’utilité, qui est la base de son système.

Ce principe de l’utilité, du bonheur du plus grand nombre, ce n’est pas Bentham qui l’a inventé. Il se plaisait à rendre justice aux hommes qui avaient donné à son esprit cette impulsion.

« Priestley est le premier, à moins que ce ne soit Beccaria, qui apprit à mes lèvres à prononcer cette vérité sacrée le plus grand bonheur du plus grand nombre est la base de la morale et de la législation » Mais l’Esprit d’Helyétius exerça sur lui une influence encore plus grande.

En prenant le principe fondamental d’Helvétius, Bentham sut éviter les paradoxes dans lesquels ce dernier se perdit et « en se servant du même instrument qu’Helvétius a eu entre les mains et dont il n’a pas su faire usage, il amena des réformes, qui ont sauvé l’Angleterre d’un bouleversement ». « Utilité, dit Bentham, exprime la propriété ou tendance d’une chose à préserver de quelque mal ou à procurer quelque bien. Mal, c’est peine, douleur ou cause de douleur. Bien, c’est plaisir ou cause de plaisir. Ce qui est conforme à l’utilité ou à l’intérêt d’un individu, c’est ce qui tend à augmenter la somme totale de son bien-être. Ce qui est conforme à l’utilité ou à l’intérêt d’une communauté, c’est ce qui tend à augmenter la somme totale de bien-être des individus qui la composent.

« La nature a placé l’homme sous l’empire du plaisir et de la douleur. Nous leur devons toutes nos idées, nous leur rapportons tous nos jugements, toutes les déterminations de notre vie. Le principe de l’utilité subordonne tout à ces deux mobiles. »

L’Introduction attira peu d’attention en Angleterre. Elle parut en français sous le titre de Principes de Législation et, chose curieuse, la traduction eut plus de succès que l’original. Il est vrai que Bentham avait trouvé un interprète idéal. « Je n’ai pas traduit les mots, disait Dumont, j’ai traduit les idées j’ai fait à quelques égards un abrégé, à d’autres un commentaire. »

Dumont publia successivement Principes de Législation, Principes du Code Pénal, Théorie des peines et des récompenses, Traité des preuves judiciaires, Tactique des assemblées délibérantes, Sophismes politiques, Essai sur la situation politique de l’Espagne, Défense de l’ Usure, Essai sur la nomenclature des principales branches d’Arts et de Sciences.

Un certain nombre des écrits de Bentham furent publiés d’abord en français. Ainsi la Théorie despeines et des récompenses, qui parut en 1811.

Bentham s’est occupé spécialement de questions économiques dans deux ouvrages. Il composa un Manuel d’économie politique, que Dumont a reproduit dans le quatrième livre de la Théorie des récompenses. Le Manuel est un modèle de clarté. Les principes que Bentham expose se rapprochent naturellement de ceux d’Adam Smith. Toutefois Bentham indiqua certaines erreurs dans lesquelles l’auteurde la Richesse desnations était tombé à propos du crédit et de la prétendue supériorité du commerce intérieur sur le commerce extérieur.

Cequ’ il faut faire, et surtout ce qu’il ne faut pas faire pour que la prospérité nationale atteigne son plus grand développement, tel est le but que recherche l’auteur du Manuel. « Que faut-il faire de la part du gouvernement pour accroître la richesse ? Très peu de chose et plutôt rien que beaucoup. Que faut-il faire pour la population ? Rien. Dans la plupart des États, quel serait le meilleur moyen de favoriser l’augmentation de la richesse

? Ce serait d’abolir les lois et les règlements 

par lesquels on prétendles augmenter bien entendu que cette abolition serait graduelle et ménagée. « Sécurité, liberté, c’est tout ce qu’il faut à l’industrie et à l’agriculture. »

Bentham demande à l’État de laisser faire. C’est la doctrine qu’il a soutenue dans ses Lettres sur l’usure. Il abordait le même sujet que Turgot et arrivait à une conclusion analogue. Ces Lettres furent écrites, en 1787, pendant un séjour que Bentham fit en Russie. Il les envoyait en Angleterre, où elles parurent sans qu’il les eût revues. C’est un de ses écrits les plus remarquables au point de vue de la forme. Le style en est vif et alerte.

Les premiers ouvrages de Bentham sont bien supérieurs à, cet égard aux derniers. Le Fragment, l’Introduction, les Lettres sur l’usure sont pleins de charme et de fraîcheur. On pourrait en extraire des pages dignes de figurer à côté des plus belles de la prose anglaise. Mais avec les années, un changement fâcheux se produisit. A force de tout vouloir expliquer, son style devint lourd et traînant. De plus, Bentham avait pris l’habitude d’inventer des mots. Certains d’entre eux ont été adoptés par les Anglais et ont même passé le détroit tels sont international, code, codifier.