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de patience et de bons exemples les vices qu’il était loin de méconnaître. On l’a laissé mourir oublié et en paix. Ses biographes n’ont pas même pu nous apprendre où il avait terminé ses jours.

BESOINS.

. Définition.

. Nature des besoins économiques ; ils créent l’activité industrielle.

Les besoins sont des sensations d’ordre physiologique ou intellectuel qui font naître en nous le désir de posséder, afin de les consommer, les objets, les richesses propres à la satisfaction de ces besoins. C’est plus spécialement ainsi que l’on définit les besoins économiques, sans qu’il soit possible de déterminer nettement quels besoins sont économiques et quels autres ne le sont pas.

Malgré cela, le mot besoin étant employé dans diverses acceptions vagues, il peut être utile, pour l’exactitude du langage économique, de limiter son sens. Le besoin économique est naturellement apprécié et mesuré par celui qui le ressent.

Les besoins physiologiques comme la faim, la soif, etc., ont été vraisemblablement les seuls qui, primitivement, aient assailli l’homme et fait sentir matériellement, par la douleur qu’ils causent, la nécessité de leur satisfaction. Ils sont communs à tous les animaux, chez lesquels ils sont très limités. Les besoins d’ordre intellectuel sont créés par la pensée et la volonté, de même que beaucoup de besoins physiologiques, tels que les besoins demets conformes à l’hygiène ou destinés à procurer un simple plaisir gastronomique, les besoins d’exercices gymnastiques, etc. Ces besoins se sont développés peu à peu sous l’influence de la civilisation. 2. Nature des besoins économiques ; ils créent l’activité industrielle.

Les besoins premiers physiologiques sont permanents et universels l’homme ne peut s’en affranchir ni descendre, pour leur satisfaction, au-dessous d’un certain minimum qui varie avec chaque individu. Les besoins de toute sorte peuvent, par contre, s’étendre au delà de toute limite connue. Leur progression ne suit pas de loi mathématique, d’autant plus que les besoins sont individuels ; mais les besoins nouveaux créés par quelques individus se répandent rapidetience et de bons exemples les vices ment et excitent les désirs de tous ceux q1 était loin de méconnaître. On l’a laissé veulent élargir leur vie. oublié et en naix. Ses biographes Un besoin en fait naître un autre ; l’homm SOMMAIRE

. Définition.

ment et excitent les désirs de tous ceux qui veulent élargir leur vie.

Un besoin en fait naître un autre ; l’homme s’attache à chercher un bien-être toujours plus grand, sans jamais être satisfait ; ce qui le distingue des animaux et le pousse à l’action.

Les besoins sont, en effet, en raison de l’extension dont ils sont susceptibles, la cause déterminante du travail de l’homme. Le besoin fait éprouver une souffrance, sa satisfaction un soulagement ou un plaisir. Un effort est nécessaire pour arriver à ce résultat, et cet effort est lui-même une peine. Mais la peine-travail étant moins grande que la douleur-besoin, dans la plupart des cas, l’homme choisit le travail, le perfectionne en vertu de la loi de l’économie des forces, accroît ses besoins, augmente la puissance productive.

Le besoin, comme un feu intérieur auquel il faut chaque jour un aliment continu, allume en nous cette activité économique qui produit les merveilles de l’industrie. Et sa puissance est si grande, que si nous en créons un dont la satisfaction ne semblait pas, tout d’abord, nécessaire même indirectement à notre existence, il prend, par la force de l’habitude, une place si importante dans notre vie que nous ne pouvons le supprimer sans souffrance.

Aussi plus les besoins sont satisfaits, plus ils acquièrent d’action, plus ils s’étendent. Il appartient au moraliste de discuter sur le développement et la direction à donner à nos besoins. Ici, en économie politique, notre tâche se borne à constater que le besoin, force universelle et permanente, quoique d’intensité très variable, puisqu’elle suit toutes les fantaisies de la volonté humaine, est le moteur premier de l’activité industrielle. Les peuples qui l’ont restreinte sous l’empire de leur religion ou de leur éducation sont demeurés pauvres, faibles, soumis à la conquête et à la domination, tandis que ceux qui l’ont développée ont vu croître leur puissance et leur richesse.

Des philosophes et des écrivains religieux, partant de principes différents, se sont efforcés de prouver que le bonheur de l’homme consistait dans la limitation ou l’anéantissement de la plupart de ses besoins. Le retour à l’état de nature et le monachisme, tel a été l’idéal de théoriciens qui ne se sont pas aperçus qu’on ne modifie pas fort heureusement pour lui la nature de l’homme, avec des conceptions mé taphsiques ou mystiques (V. TRAVAIL).

ANDRÉ LIESSE.