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unes. Dans un discours qu’on n’a pas ou- brillent un temps d’un vif éclat et s’éteignent, laissant après eux des descendants presque munes. Dans un discours qu’on n’a pas oublié, M. Gladstone en exposa les détails. Il rendit une éclatante justice à Cobden et son hommage est un digne pendant à celui que Robert Peel lui avait rendu en 1846. « C’est un rare privilège, dit-il, pour un homme qui a rendu, il y a quatorze ans, un service signalé à sa patrie, de pouvoir lui en rendre un nouveau aussi grand et aussi mémorable. » Lord Palmerston lui offrit, au nom de la reine, de l’élever à la dignité de baronnet; mais Cobden refusa cet honneur. « La seule récompense que j’ambitionne, répondit-il, c’est d’être le témoin du développement des relations des deux grands pays voisins, dont les rapports sont devenus plus intimes par le traité de commerce. » La santé de Cobden était ébranlée mais le but de sa vie était atteint. Il vécut encore cinq années. Le 21 mars 1865, il voulut aller à Londres pour prendre part à la discussion sur les fortifications du Canada; mais il ne put se rendre à la Chambre des communes; la maladie le terrassait. Une attaque d’asthme suivie d’une bronchite l’enleva à ses amis, à ses admirateurs, à son pays le 2 avril 1865. Il lui manquait deux mois pour atteindre sa soixante et unième année. Cobden a publié plusieurs brochures politiques; les plus connues sont celles qui ont pour titre 1792 et 1858 en trois lettres et Les trois paniques. Elles ont été réunies en un volume publié, avec une notice très interressante de Sir Louis Mallet, sous le titre de Cobden’s political writings. -1878. Ses principaux discours ont été publiés par John Bright et Thorold Rogers sous le titre de Speeches on questions of public policy, 1880. Mme Salès Schwabe a fait paraître des notes et souvenirs sur Cobden avec un grand nombre de lettres de lui. Richard Gowing en Angleterre et Joseph Gàrnier en France ont écrit de courtes notices sur sa vie; mais les deux ouvrages capitaux sur Cobden sont le livre de Fred. Bastiat intitulé, Cobden el la ligue et la vie de Richard Cobden par John Morley, dont Mlle Sophie Raffalovich a donné une traduction en français en 1885. Le Cobden club, fondé en son honneur, con- tinue sa propagande en faveur de la liberté commerciale et de la paix. CŒUR (JACQUES). On sait peu de chose de l’origine, de la naissance et des premières années de Jacques Cœur. Il appartient à cette race d’hommes qui se servent à eux-mêmes d’aïeux et dont on dit justement qu’ils sont fils de leurs œuvres hommes de génie, qui surgissent soudain de familles obscures, LÉON SAY. brillent un temps d’un vif éclat et s’éteignent, laissant après eux des descendants presque aussi ignorés qu’étaient leurs ancêtres. Son nom était Cuer ou Cueur. L’ortho- graphe moderne en a fait Cœur et la postérité Jacques Cœur. Il naquit probablement à Bourges, bien que Montpellier l’ait revendiqué pour un de ses enfants; on ne sait pas au juste en quelle année; mais il se maria en 1418 cela fixe la date de sa naissance entre 1390 et 1400. En 1420, on le voit impliqué, avec un nommé Ravant le Danois, dans un procès de faux monnayage. Mais il n’était que commis et se croyait probablement couvert parles ordres et l’autorité de sonpatron. La condamnation fut légère. Après cet incident, une éclipse de douze années. En 1432, un écuyer du duc de Bourgogne le rencontre à Damas, en Syrie, achetant des épices et autres denrées, et attendant la « galée de Narbonne, qui était allée en Alexandrie et devait revenir à Baruth ». La même année, il établit à Montpellier le centre de ses opérations avec le Levant; en 1435, il est nommé maître des monnaies à Bourges, et en 1436, à Paris; enfin, en 1438, L il est argentier du roi. A ce moment, il tient réunis entre ses mains tous les instruments nécessaires de succès et il s’en sert pour t édifier en moins de quinze ans une fortune prodigieuse, l’une des plus considérables de l’État. s Le maître des monnaies de Paris et de Bourges, les deux plus grandes villes du royaume, allait, sous un roi réformateur, être s forcément un personnage. Les monnaies au c sceau de France se trouvaient dans une condition’ pitoyable. Une fabrication défecc tueuse et des altérations successives les d avaient partout décriées, et les Anglais, maîtres de la plus grande partie du territoire, a avaient soin, sur les frontières des pays r d’obéissance du roi, de faire circuler des i- pièces de bon aloi, « au fin », comme on disait alors, et d’une valeur intrinsèque )- toujours égale à leur valeur nominale. Cela is jetait le discrédit sur les autres et entravait les transactions. Charles VII, que ses contemporains surnommaient avec raison le Bien

é servi, avait su trouver l’homme qu’il lui fallait.

Vraisemblablement, Jacques Cœur prit part à toutes les ordonnances promulguées de 1435 à 1451. Ce fut lui qui ferma la pluse part des ateliers privés, et rétablit dans ceux es de la Couronne une fabrication loyale des te monnaies; qui réglementa les opérations de es change; qui substitua à toutes les anciennes unités monétaires le sol et la livre, dont la ui valeur fut exactement fixée; qui interdit s, l’exportation des monnaies nouvelles hors