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LOIS) 29 AGRAIRES (LOIS)

)endamment de sa part proportion- sa maison et son enclos pendant trois géné-

Indépendamment de sa part proportion- nelle dans les terres cultivables, chaque homme libre avait une maison dans le village. Ces maisons différaient sous le rapport des dimensions et de l’aménagement, selon le rang et la richesse du propriétaire. L’unité de richesse était la quantité de bétail suffi- sante pour nourrir une famille.

L’homme libre avait voix délibérative aux

assemblées publiques, il devait le service militaire à la tribu.

Au-dessus de lui était l’Aire, fils de nobl

L’aire à quatorze ans était majeur, il avait du bétail et de la terre ; mais, avant d’avoir atteint l’âge de vingt ans, il n’avait pas de maison. Il devait posséder 7 vaches et un taureau, 7 porcs et un verrat, 7 brebis et un bélier, avec un cheval de course ou de travail. Les aires constituaient le dernier rang de la noblesse.

Au-dessus de l’aire était le Boaire, posses-

seur de 10 vaches et d’un taureau, de 10 moutons et d’un bélier, de 10 porcs et d’un verrat, d’un cheval et d’un harnais. Sa part dans les terres cultivables était d’une douzaine d’hectares. Sa maison avait 6 ou 9 ou 12 mètres de longueur ou de façade elle était entourée d’un enclos s’étendant aussi loin qu’on pouvait lancer un javelot, en étant assis devant sa porte, et barrée par un fossé. Elle était inviolable.

C’est à la maison du boaire que se tenaient

les réunions publiques de la tribu, pour la discussion des affaires publiques ; c’est là aussi que se rendait la justice.

Il incombait au boaire de donner l’hospi-

talité au roi, au brehon ou juge, au barde et aux étrangers,

Ce titre et ces honneurs échéaient souvent

à une association de familles d’hommes libres qui, n’ayant pas isolément le moyen de tenir ce rang, mettaient leurs biens en commun et choisissaient un de leurs membres pour représenter les autres. Dans les familles, à la mort d’un boaire, la propriété restait indivise, pour qu’un des fils pût prendre le titre et le conserver.

Le boaire abandonnait son bétail aux soins

d’un homme libre, pauvre ; il recevait, en échange de cette cession, un tribut en vaches, proportionnel à la quantité de bétail prêtée. Plus tard, la redevance fut établie en raison de la quantité de terres de pâturages occupée par l’homme libre. Ce tribut finit à la longue par être considéré comme une espèce de loyer du sol, ce qui amena les boaires à se considérer comme les possesseurs de ces terres sur lesquelles on faisait paître pour eux leurs bestiaux.

D’autre part, lorsqu’un boaire avait occupé

sa maison et son enclos pendant trois générations, le toutcessaitde faire partie des biens communs et lui appartenait en propre. Lorsque son bétail augmentait, le boaire était autorisé à enclore un plus grand espace autour de sa maison, ou près de sa maison, pour pouvoir nourrir ce bétail.

Par ces usurpations successives, la plus grande partie des terres finit par passer entre les mains des boaires, de sorte que les hommes libres furent obligés de se constituer les vassaux de ces derniers un homme libre, en reconnaissant un boaire comme son hlaford, c’est-à-dire comme son donneur de pa, son patron, son chef, s’engageait à lui rendre des services civils et militaires.

Plusieurs villages formaient une province, et trois ou quatre provinces constituaient un royaume, gouverné par un ri ou rix, subordonné lui-même à un chef suprême. Le roi était nommé à l’élection, mais ne pouvait être choisi que dans une certaine famille.

L’autorité de ce roi s’étendait sur la tribu et sur les terres de celle-ci. La royauté était une fonction ; le pouvoir n’appartenait pas en propre au roi. Les services qu’on lui rendait étaient censés rendus à la tribu qu’il représentait. On lui allouait une certaine portion de terre libre pour qu’il pût maintenir la dignité de son emploi ; en outre, on lui payait une redevance en nature pour son entretien et celui de sa famille.

De plus, à des époques déterminées, ses sujets lui faisaient des cadeaux proportionnés à leur rang et à leur fortune, et il reconnaissait ces témoignages de respect par d’autres présents. Ces coutumes symbolisaient la réciprocité des services rendus. Le roi était donc considéré, à cette époque, non pas comme le propriétaire du sol, mais comme le représentant du peuple ou de la tribu. Dans le cours des temps, cette fiction finit par s’évanouir devant le fait de l’exercice du pouvoir par un seul homme, et la fonction devint une propriété appartenant personnellement au roi.

Les usurpations des boaires avaient déjà fondé une aristocratie territoriale. Il s’établit encore une autre noblesse celle de la suite du monarque. Cette noblesse de cour prenait rang avant les anciens boaires. Toutes ces dérogations aux principes du système de tribu reçu des ancêtres aryens préparaient l’avénement de la féodalité, ce régime dans lequel le roi est le souverain maître du pays et de tout ce qu’il contient, dans lequel aussi tout le monde lui doit service et hommage. Sept siècles furent nécessaires pour accomplir la transformation. Rien n’est plus


AGRAIRES (