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peut se borner à quelques opérations très simples, il n’en est pas de même de l’agriculture intensive, qui devient une nécessité inéluctable dans les sociétés nombreuses et riches.

C’est par des observations successives, par des procédés inventés progressivement, que les règles de la culture des plantes ont été établies. Ces règles de pratique, transmises traditionnellement de génération en génération, constituent ce que l’on appelle généralement la routine agricole. Mais parmi ces règles les unes sont bonnes, les autres sont mauvaises ; il y a évidemment une bonne et une mauvaise routine. Trop souvent aujourd’hui on confond l’une et l’autre dans une même condamnation. Il importe donc de vérifier, sous le contrôle de la science, toutes les méthodes en usage et de savoir juger de leur valeur respective. Toutefois, s’il ne faut pas rejeter absolument toutes les anciennes pratiques empiriques, on doit s’élever avec énergie contre l’esprit de routine, parce que l’esprit de routine implique toujours soit un défaut d’instruction, soit une négligence paresseuse. La direction des opérations agricoles doit toujours être raisonnée, éclairée. Et cette nécessité de juger comme d’expérimenter, demande des études longues et très diverses.

Au premier rang de toutes les connaissances qu’exige l’agriculture se place la géologie, qui étudie la constitution du sol et dont on commence à peine à entrevoir l’importance les classifications, données par l’ancienne agronomie, en terres fortes, terres légères, etc., étant tout à fait insuffisantes, l’étude géologique du sol s’impose, elle fournit la composition en éléments de la terre, elle donne la mesure de sa fertilité naturelle. Le sol, considéré comme un atelier pour l’industrie agricole, s’épuise bien vite des éléments fertilisants qu’il renferme, et leur reconstitution impose soit l’abandon momentané de l’exploitation, soit la restitution plus ou moins complète de ces éléments. La loi de restitution, découverte ou mieux établie scientifiquement depuis Liebig seulement, a été le meilleur stimulant du progrès agricole qui ait jamais pu agir. Mais il ne suffit pas de connaître la loi de restitution, il faut encore l’appliquer avec la possibilité d’en retirer la plus grande somme d’avantages réalisables. La chimie, la physique, la physiologie et la botanique interviennent dans cette seule détermination. Lorsque les animaux entrent dans l’exploitation, ce sont la physiologie animale et la chimie physiologique, en même temps que l’hygiène, qui permettent de les diriger avec

AGRICULTURE 42 AGRICULTURE se borner à quelques opérations compétence et de leur donner le régime qui

s compétence et de leur donner le régime qui e leur convient, soit qu’on veuille faire de l’élevage, de l’engraissement ou qu’on veuille seulement s’en servir pour le travail. Les granges, les greniers, les celliers réclament r la compétence de l’ingénieur, de même que les machines agricoles, les irrigations et les drainages. La chimie intervient encore dans les analyses de sol, d’aliments et d’engrais, de vins, etc., dans les ensilages de fourrages la météorologie, dans la prévision des intempéries. Encore l’agriculture comporte-t-elle t une part d’un art agronomique spécial, qui consiste dans la direction des opérations pratiques, labours, hersages, semailles, récolte, épandage d’engrais, etc. Et au-dessus de tout, l’économie rurale (voy. ce mot) doit présider à toute l’organisation agricole, donner à chaque spéculation sa véritable importance et la proportionner au but qu’il faut atteindre sans le dépasser, comme elle doit indiquer quelle somme totale de capitaux peuvent être consacrés à la terre dans chaque milieu.

Ce tableau sommaire montre combien difficile économiquement se présente l’exploitation fructueuse du sol. Et elle est d’autant plus difficile que la diffusion des voies de communication l’a soumise, depuis moins d’un siècle, à la loi de la concurrence universelle. Les produits agricoles ne se déplaçaient pas au siècle dernier, ils étaient très généralement consommés dans les régions mêmes de leur production.

Par contre-coup, les prix universellement solidarisés et nivelés ne subissent plus ces extrêmes variations que l’on constatait encore sur les blés, en 1847 par exemple.

Un caractère particulier que nous ne faisons que signaler ici est celui que revêtent les crises agricoles (voy. ce mot). Celles-ci ne sont en effet que très exceptionnellement dues aux causes qui provoquent les crises industrielles ou financières ; elles sont amenées presque toujours par des causes qui échappentabsolument la volonté humaine et sont impossibles à prévoir. Par ce côté encore l’agriculture se heurte aux lois physiques. 4. Tableau de l’industrie agricole.

L’industrie agricole, qui se présente si complexe, si vaste et si difficile à cause des multiples questions qu’elle soulève, se prête cependant à une analyse méthodique et raisonnée, analyse à laquelle on ne peut s’empêcher de reconnaître un caractère d’utilité indiscutable tant au point de vue purement théorique de la science économique qu’au point de vue pratique de l’exploitation du sol. Les trois agents de la production agricole


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