Page:Say - Chailley - Nouveau dictionnaire d’économie politique, tome 1.djvu/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

66 ARGENSON (D’)

acheter à Londres du papier sur Paris, Bibliographie.

pour acheter à Londres du papier sur Paris, qu’il revend à Berlin. Ces opérations finiront par relever le prix du papier sur Londres à Berlin, du papier sur Paris à Londres et par faire baisser le papier sur Paris à Berlin. Ce genre d’opérations se fait sur une très grande échelle ; les fluctuations du change étant peu étendues pour la livre sterling, le franc, le reichsmark, il faut nécessairement opérer par grosses sommes pour faire un bénéfice qui ne soit pas insignifiant.

Les créances d’un pays sur un autrepeuvent être encaissées non seulement en espèces, par l’envoi de numéraire, mais encorepardes marchandises, des billets de banque, par des coupons, par des valeurs de bourse. Tout cela donne lieu à des arbitrages, qui permettront à un négociant de la Suisse d’acheter de l’indigo à Bombay, lequel sera payé à Londres en livres sterling, et qui aura pu amener l’envoi, par exemple, d’actions du Saint-Gothard de Berne à Berlin.

L’arbitrage peut encore prendre la forme suivante et se combiner avec des opérations à terme un négociant de Breslau achète du seigle en Silésie ; pour s’assurer un prix favorable, il vend à livrer ; son débouché direct serait Danzig ou Königsberg en étudiant la cote, il voit que le seigle est coté à Amsterdam à un prix supérieur à celui qui y a cours ordinairement en comparaison de Danzig ; il vend son seigle à Amsterdam à terme, et lorsque l’expédition s’en fera pour Danzig, il rachètera à Amsterdam et vendra à Danzig. Il aura même pu acheter à Danzig, où il compte expédier sa marchandise. En fin de compte, l’opération étant défaite par rachat, revente et livraison, elle aura eu pour conséquence d’amener des offres de seigle à Amsterdam où le prix était élevé et de faire des achats à Danzig où le prix était bas, et de contribuer au nivellement.

Le cas peut se produire quand les fonds publics d’un État sont en baisse sur une bourse étrangère tandis qu’il y a une demande active sur la bourse nationale, de la part des indigènes les fonds émigreront alors du dehors dans leur patrie, ce qui amènera une modification du cours du change et de la situation passive ou active, créancière ou débitrice. Lorsque M. de Bismarck entama une campagne contre le crédit de la Russie et que les fonds russes baissèrent à Berlin, les arbitragistes en achetèrent immédiatement de fortes quantités et les revendirent en Russie, en France, en Hollande. Cette rentrée de fonds russes en Russie, cette réimportation de titres, pesa sur le cours du rouble et favorisa l’exportation des céréales. A. RAFFALOVICH. A. RAFFALOVICH.

Bibliographie.

Ottoman HAUPT. Arbitrages et parités, 7e édition, 1887.—LExis, Handel, dans le Manuel de Schönberg. LEFÈVRE. Le commerce. Ch. LETOUZÉ, Traité théorique et pratique du change. Léon SAY, Rapport sur le payement de l’indemnité de guerre. COURCELLE-SENEUIL, Traité des opérations de banque.

ARGENSON (René-Louis DE VOYER DE PAULMY, marquis D’), né à Paris le 18 octobre 1694, mort le 26 janvier 1757. Conseiller dès 17i6 au Parlement, où il siégea et opina avantles vingt-cinq ans voulus maître des requêtes en 1718, il fut envoyé à Lille où il épousa lafille de l’intendantMeilhan. Conseiller d’État en 1720, puis intendant du Hainaut et du Cambrésis, il résida quatre ans Valenciennes etàMaubeugeet prit sur lui d’arrêter Law qui gagnait la frontière et qu’il dut relâcher presque aussitôt. De retour à Paris, il fut un des assidus du « Club de l’entresol » fondé par l’abbé Alary en 1724 et qui se réunit chez le président Hénault jusqu’au moment où le suprima l’ombrageux cardinal de Fleury (1731) c’estaiors qu’il entreprit ses études et ses nombreux travaux ; car ce fils et frère de ministres n’entra lui-même au conseil qu’en 1744, comme chargé des affaires étrangères. Après la victoire de Fontenoy, il affirma de plus en plus son désir d’assurer la paix à la France et à l’Europe et proposa d’affranchir l’Italie, dont on eût fait une confédération ; il se retira, victime de ce rêve trop pacifique, et entouré de l’estime générale. Voltaire, son ancien condisciple et « le plus ancien de ses amis », le proclama le meilleur citoyen qui eût jamais tàté du ministère, mais plus digne d’être secrétaire dans la république de Platon que dans le conseil du roi de France ». Il reprit et compléta ses travaux interrompus pendant ces trois années, conservant des goûts simples et une certaine gaucherie d’allures qui fitque les Versaillais, pour le distinguer de tant de d’Argenson, l’appelaient gaiement «d’Argenson la bête ». Il suivait assez régulièrement les séances de l’Académie des inscriptions, où il avait, en 1731, remplacé son oncle Caumartin, évêque de Blois. En dehors des ouvrages pieusement coordonnés et publiés par son fils, le marquis de Paulmy, la bibliothèque du Louvre avait recueilli, dans les orages révolutionnaires, ses volumineux manuscrits ils ont été brûlés en mai 1871, mais heureusement publiés en grande partie avant le désastre. Ennemi déclaré des abus, du despotisme et de la bureaucratie, il est l’auteur de la maxime « Pas trop gouverner », que Turgot joignait souvent à celle de Gournay « Laissez faire. »

On a de lui Considérations sur le gouverne-


ARISTOTE