Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/125

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par la seule voie qui soit légitime, le choix libre de la nation.

Il était déjà un homme fait qu’il ne s’était point encore occupé d’économie politique ; mais se trouvant un jour à la campagne chez un ami, le désœuvrement lui fit jeter les yeux sur un volume de la Richesse des nations, d’Adam Smith, que le hasard lui offrit ; il fut frappé de la vérité de ses observations, se procura l’ouvrage et le lut avec avidité.

Il s’était imaginé (et jusqu’à Smith, on était excusable de penser ainsi) que l’économie politique n’était composée que d’opinions spéculatives, de vues qui avaient le bien public pour objet, et sur lesquelles les avis devaient être nécessairement partagés. Il s’aperçut pour la première fois que la véritable économie politique n’est autre chose que la description des ressorts qui font agir et vivre la société ; que c’est la physiologie sociale, science qui, bien que toute récente, est aussi positive que la physiologie du corps humain, puisque de même que celle-ci, elle nous fait connaître par quels moyens vit et agit la société, qui est un corps vivant, qui a ses membres, ses viscères, dont les fonctions sont aussi constantes que l’action du cœur et de l’estomac dans l’homme individu.

L’écrit par lequel David Ricardo fit connaître ce qu’il valait, fut une brochure intitulée : Le haut prix du lingot preuve de la dépréciation des billets de banque. La nation anglaise fut avertie par là que son papier-monnaie était déprécié, c’est-à-dire avait perdu une partie de sa valeur. On payait en papier une once d’or, un quarter de froment, une pièce d’étoffe, tout en un mot plus cher d’un tiers ou de moitié, qu’on ne faisait avant que