Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/128

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Bentham, son ami, Ricardo n’écoutait d’autres conseils que ceux de l’intérêt général. C’est le plus noble privilège de l’indépendance de fortune. L’homme qui, pour conserver une place dont il vit, est obligé de déguiser son opinion, n’est que malheureux ; s’il est riche, il devient méprisable.

Ricardo n’était pas ce qu’on appelle un orateur ; mais comme il ne parlait que sur ce qu’il savait bien, et ne voulait que ce qui était juste, il était toujours écouté. Il s’est deux fois élevé contre la corruption parlementaire, et voulait que la chambre des communes, qui est destinée à soutenir les intérêts de la nation, ne fut pas composée en majorité de membres payés pour les trahir.

En, tout pays, il y a des gens qui, sans être plus crédules que d’autres,

Font de dévotion métier et marchandise.


On avait traîné dans les prisons, à l’aide de jurys spéciaux, c’est-à-dire choisis pour condamner, le libraire Carlile, accusé d’avoir publié des écrits irréligieux. Ricardo osa prendre sa défense et soutenir que la persécution est un mauvais auxiliaire pour la religion.

Quoique peu courtisan des ministres, Ricardo était toujours consulté par eux sur toutes les questions délicates d’économie politique, parce que, dans son pays, la force brutale n’est pas le seul instrument que l’on sache employer.

Frère d’un autre Ricardo, banquier, qui a soumissionné quelques emprunts, il n’est point prouvé que David Ricardo se soit intéressé dans aucun de ceux qui ont eu pour objet la consommation de quelque grand crime politique.