Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/342

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employons ce mot dans son sens naturel et ordinaire ; et lorsqu’il s’agit de l’estimation quelconque des richesses de différens pays et des causes de leur accroissement, je trouve un prodigieux avantage à n’appeler richesses que ce qui est susceptible d’augmentation et de diminution. Mais du moment que la ligne de démarcation entre les objets matériels et immatériels est ôtée, l’explication des causes qui déterminent la richesse des nations, et tout moyen de l’évaluer, deviennent extrêmement difficiles, sinon impossibles.

Nul des deux écrivains qui ont adopté la doctrine des produits immatériels ne se sont accordés sur la manière de les évaluer et de les mesurer. Quelques-uns des services productifs que le marquis Garnier regarde comme productifs sont regardés par vous comme improductifs, parce qu’ils sont inutiles. Mais comment, peut-on estimer des services personnels, si ce n’est par le salaire qu’on en retire ? et où peut être la ligne de démarcation entre ce qui est utile et ce qui ne l’est pas ? Il serait même absurde de considérer une multiplication de services inutiles, quoiqu’ils fussent bien payés, comme une augmentation de richesses proportionnée à ces mêmes salaires.

L’objection opposée à la doctrine immaté-