Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/423

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Tout travaille pour elle ; et réciproquement
Tout tire d’elle l’aliment.
Elle fait subsister l’artisan de ses peines,
Enrichit le marchand, gage le magistrat,
Maintient le laboureur, donne paie au soldat,
Distribue en tous lieux ses grâces souveraines,
Entretient seule tout l’État, etc.


Bien loin que tout tire son aliment de la grandeur royale, la vérité est que c’est le peuple qui l’alimente et la soutient. C’est une imagé aussi fausse que celle qui représente l’État sous l’emblème de la famille dont le prince est le père.

Et qu’on ne dise pas que des expressions plus exactes seraient sans grâce. La fable du Laboureur et ses enfans, de ce même La Fontaine, a plus de charme encore que celle-là, et elle est, d’un bout à l’autre, conforme aux plus exactes vérités que nous découvre l’économie des nations :

Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le père mort, les fils vous retournent le champ

De çà de là, si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.
D’argent point de caché ; mais le père fut sage
De leur montrer avant sa mort
Que le travail est un trésor.