Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/455

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nous est commandé de la considérer comme telle, mais parce qu’elle est bonne et utile à la société. Le vice n’est pas vice parce qu’on nous le défend, mais parce qu’il entraîne des maux, parce qu’il est funeste à la société. Cette morale est la seule qui soit digne d’un être aussi noble et intelligent que l’homme ; tout autre tend à l’avilir, à le dégrader, « Si dans le catalogue banal des vertus, dit Bentham, il se trouve une action de laquelle il résulte évidemment plus de mal que de bien, il ne faut pas balancer à regarder cette prétendue vertu comme un vice. » Soumettons à cette épreuve la bravoure dans les combats. Elle est généralement regardée comme une vertu ; et sans doute elle l’est lorsqu’on repousse une agression injuste, parce que le résultat en doit être l’indépendance et la liberté.

Mais que faut-il en penser, de combien d’applaudissemens et de récompenses convient-il de la payer, lorsqu’elle se déploie à l’appui d’une cause inique, et dont les résultats sont l’autorité arbitraire, les abus et l’oppression ? Ce guerrier qui a prêté serment à son chef, tandis que ce chef marchait dans la route du bien public, fait-il un acte utile en continuant à le servir lorsque ce chef devient un furieux, un incendiaire ? Est-ce vertu que de