Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est conforme au principe de l’utilité, dont on ne peut jamais sortir sans tomber dans le déraisonnable et l’absurde.

Quand la vertu nous prescrit le sacrifice d’un intérêt moindre à un intérêt majeur ; le sacrifice d’un intérêt du moment à un intérêt durable ; d’un intérêt précaire et douteux à un intérêt assuré et exempt de trouble, elle n’est qu’un autre mot pour notre intérêt bien entendu.

Une vertu éclairée est donc toujours, et dans tous les cas, le respect de ce qui est utile aux autres ou à nous-mêmes : aux autres, parce que c’est l’unique moyen d’obtenir des autres qu’ils respectent ce qui nous est utile ; à nous-mêmes, parce que c’est le moyen d’obtenir directement ce qui nous est véritablement utile.

Quant à la vertu qui nous prescrit ce qui ne sert ni aux autres ni à nous-mêmes, qui nous prescrit des pratiquas sans motif et sans résultat, elle n’est bonne, dit Hume, qu’a nous ouvrir l’entrée du calendrier.

Quelquefois on veut établir une différence entre la morale publique et la morale privée. On consent que ceux qui gèrent les intérêts des nations sacrifient ce qui est honnête à ce qui est utile. Disons-le franchement, cette mo-