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§ II.
Objection contre le principe de l’utilité.

Ce n’est, dira-t-on, que le renouvellement de l’épicuréisme. — Et quand cela serait, où serait le mal, si l’on entend, comme on le doit, par l’épicuréisme, la doctrine qui fait trouver la volupté dans la pratique de la vertu ? Mais si l’on entendait par l’épicuréisme une grossière sensualité, je montrerais que cette sensualité, en abrutissant les facultés de l’âme et en altérant les organes du corps, est, autant qu’il est possible, contraire au principe de l’utilité, dont l’objet est le plus grand bien, la plus grande vie de ces facultés et de ces organes.

Mais si chacun, dira-t-on peut-être encore, se constitue juge de son utilité, n’est-il pas à craindre que toute obligation ne vienne a cesser du moment qu’on ne croira plus y voir son intérêt ?

Non, encore une fois, pourvu que l’intérêt soit éclairé. La fidélité à remplir un engagement onéreux, n’est que l’obéissance à un intérêt que l’on regarde avec raison comme supérieur à l’avantage passager et dangereux qu’on