Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lui ni ses ancêtres aient ou eussent acquis une dîme instituée depuis mille ans ; elle ne coûtait rien du tout lors de l’assemblée constituante à aucun des propriétaires de terres en France. Elle rapportait quatre-vingt-dix millions de rente nette au clergé ; les frais de perception étaient un tiers en sus ; elle prenait cent vingt millions aux récoltes.

En la déclarant volontairement rachetable au profit de l’État, à mesure de la vacance des bénéfices, cette assemblée, qui réunissait tant d’hommes d’un haut mérite, en aurait tiré trois milliards, dont la rente d’un seul aurait suffisamment, noblement, doté les membres utiles du clergé. Le surplus aurait beaucoup plus que couvert le déficit ; il aurait remboursé les dettes de l’État. L’assemblée repoussa cette proposition de se borner à rendre les dîmes rachetables, et je fus hué pour l’avoir faite. — Cela entre encore dans mes profonds chagrins ; mais ce n’est pas d’eux dont il est ici question. Nous discutons trop tard la théorie et les principes d’une science très-importante, pour laquelle vous avez l’étoffe d’un grand maître.

Ces principes disent avec évidence que la dîme abolie en France, il y a vingt-cinq ans, était un second exemple, établi dès le temps de Moïse, renouvelé sous Charles le Chauve,