Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/93

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l’on ne peut les considérer tous à la fois et dans un seul ouvrage. Il faudrait que ce fût tout ensemble un traité de politique raisonnée, de droit public, de morale individuelle et publique, de droit international, en même temps que d’économie politique. Ce n’est pas en agglomérant les sciences qu’on les perfectionne. Elles ont toutes des points de contact, il est vrai ; et les phénomènes que découvrent les unes exercent une influence sur ceux que découvrent les autres ; mais, en marquant les points de contact, il faut distinguer les sujets de nos études. Il était permis a Socrate, à Aristote, de parler de tout ce qu’on savait de leur temps, parce qu’on ne savait pas autant de choses que du nôtre. À mesure que notre provision d’idées et de vérités s’est accrue, force a été de les classer, sous peine d’entasser dans les esprits des notions obscures et embrouillées. Je vous avoue que je n’approuve guère les tentatives d’encyclopédies. Je dirais volontiers, en parodiant un vers de Molière :

Je consens que chacun ait des clartés de tout.

Mais, pour que nos faibles yeux ne soient pas éblouis, il me semble qu’il ne faut diriger le soleil de notre intelligence que sur un point à la fois. C’est le moyen de le bien voir.