Page:Say - Olbie.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

savoir dominer les opinions, et par elles gouverner les hommes ». Si l’on veut que telle manière d’être, telle habitude de vie s’établisse, la dernière chose à faire est donc d’ordonner que l’on s’y conforme. Voulez-vous être obéi ? Il ne faut pas vouloir qu’on fasse : il faut faire qu’on veuille[1].

Je ne prétends point que, pour faire adopter une institution, on doive la calquer sur les préjugés de ceux pour qui elle est faite. Il faut bien que Lycurgue ait choqué en quelque chose les opinions de son siècle, puisqu’en voulant faire adopter ses lois, il excita une émeute et qu’il fut assailli à coups de pierres ; mais ses lois subsistèrent. Qu’on se fiche contre une institu-

  1. On a fait de mauvais républicains chaque fois qu’on a voulu rendre les hommes tels, le pistolet sur la gorge. On a conquis l’apparence, tout au plus. Il en serait de même de la vertu : la violence ne peut que lui ôter de ses grâces et de ses attraits. La sotte pruderie que tout le monde fut forcé d’affecter dans les dernières années de Louis xiv, produisit les dérèglemens de la régence.