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AVERTISSEMENT


SUR CETTE TROISIÈME ÉDITION.

La première édition de cet ouvrage parut en 1805. L’auteur exerçait alors des fonctions qui pouvaient devenir importantes (celles de Tribun). Il s’aperçut bientôt qu’on voulait, non pas travailler de bonne foi à la pacification de l’Europe et au bonheur de la France, mais à un agrandissement personnel et vain, bien insensé, puisqu’il devait amener l’humiliation et la ruine. Ce que l’on conservait des formes de la liberté, ce que l’on proclamait de respect pour les droits de la nation et de l’humanité, n’était plus qu’un semblant destiné à leurrer le gros du public. Quant aux hommes qu’on ne pouvait duper, et qui ne se laissent pas acheter, ils étaient contenus par une administration active, appuyée de la force militaire.

Trop faible pour s’opposer à une telle usurpation, et ne voulant pas la servir, l’auteur dut s’interdire la tribune ; et, revêtant ses idées de formules générales, il écrivit des vérités qui pussent être utiles en tout temps et dans tous les pays. Telle fut l’origine de ce Traité d’Économie politique.

Après y avoir travaillé trois ou quatre ans, l’auteur n’avait encore que les matériaux d’un bon ouvrage ; et cependant le despotisme, ennemi né du bon sens, poursuivait sa marche effrayante. Une police inquiète, acquérant chaque jour quelques-uns des droits que perdait la liberté, on voyait s’approcher de nouveau, et sous d’autres livrées, cette époque de terreur où le philosophe paisible et ami du bien courait le danger d’être assailli dans son domicile, et de voir ses manuscrits, fruits pénibles de ses veilles, saisis