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Page:Say - Traité d’économie politique.djvu/108

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DE LA PRODUCTION DES RICHESSES.

si l’on veut, considérer comme fesant partie de la valeur du fonds, mais qui sont cependant des produits de l’industrie humaine et un accroissement de la valeur du fonds[1]. Cette portion du capital s’use peu ; quelques réparations faites à mesure suffisent pour lui conserver son entière valeur. Si ce cultivateur trouve chaque année, sur les produits de l’année, de quoi subvenir à ces réparations, cette portion du capital se trouve par là perpétuellement maintenue.

Une seconde partie du capital de ce même cultivateur se compose d’outils aratoires, d’ustensiles, de bestiaux qui s’usent plus rapidement, mais qui s’entretiennent et au besoin se renouvellent de même aux dépens des produits annuels de l’entreprise, et conservent ainsi leur valeur entière.

Enfin, il faut des provisions de plusieurs espèces, des semences, des denrées, des fourrages pour l’entretien des hommes et des animaux, de l’argent pour le salaire des manouvriers, etc[2]. Remarquez que cette portion du capital se dénature tout-à-fait dans le cours d’une année, et même plusieurs fois par an. L’argent, les grains, les provisions de tous genres se dissipent en totalité ; mais il le faut, et nulle partie du capital n’est perdue, si le cultivateur, indépendamment des profits qui paient le service productif du terrain (ou le fermage), le service productif du capital lui-même (ou l’intérêt), et le service productif de l’industrie qui les a mis en jeu, est parvenu, au moyen de ses produits de l’année, à rétablir

  1. Arthur Young, dans sa Revue de l’Agriculture française, ne donne point d’évaluation de la portion permanente et fixée du capital employé sur les terres de l’ancienne France ; seulement il estime qu’elle est inférieure d’environ 56 francs par acre anglais, à la portion équivalente des capitaux ainsi employés en Angleterre. Ainsi, en admettant la supposition modeste que les améliorations des terres en France, s’élèvent à la moitié seulement de celles de l’Angleterre, on évaluerait le capital ainsi fixé dans l’ancienne France à 56 francs par acre ; ce qui, en comptant 131 millions d’acres en France, donnerait 4 milliards 716 millions de francs pour cette portion seulement du capital français.
  2. Le même auteur, qui vient d’être cité, estime qu’en France ces deux dernières portions du capital employé à l’agriculture (j’entends les outils, bestiaux, provisions d’entretien, etc.), peuvent être évaluées à 48 francs par acre, soit à 6 milliards 288 millions pour toute la France, le fort portant le faible. En ajoutant cette portion du capital français à la précédente, nous trouverions qu’on peut évaluer à 11 milliards la portion du capital de l’ancienne France qui est employée à l’industrie agricole. Le même auteur évalue au double ce même capital en Angleterre, proportion gardée de l’étendue du territoire.