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LIVRE SECOND. — CHAPITRE VI.

cin, l’avocat, la valeur qu’ils donnent, leur conseil, est un produit de leurs connaissances, de leurs talens, qui sont des fonds productifs ; si c’est un négociant qui achète ce conseil, le négociant donne en échange un des produits de son commerce, transformé en argent. L’un et l’autre ensuite consomment chacun de leur côté leur propre revenu, mais transformé de la manière qui leur a le mieux convenu.

CHAPITRE VI.

Quels genres de production paient plus largement les services productifs.

La valeur des produits qui, ainsi que nous venons de le voir, rembourse aux divers producteurs le montant de leurs avances, et y ajoute communément des profits qui composent leur revenu, ne fournit pas des profits également forts dans tous les genres de production. Telle production procurera au fonds de terre, au capital, à l’industrie qui s’y sont consacrés, un pauvre revenu ; d’autres donneront des profits proportionnellement plus considérables.

Il est vrai que les producteurs cherchent toujours à placer leurs services productifs dans les emplois où les profits sont meilleurs, et font ainsi baisser par la concurrence, des prix que la demande tend à élever ; mais leurs efforts ne peuvent pas toujours tellement proportionner les services aux besoins, qu’ils soient, dans tous les cas, également récompensés. Telle industrie est toujours rare dans un pays où le peuple n’y est pas propre ; bien des capitaux se trouvent engagés de manière à ne pouvoir jamais concourir à une autre production que celle à laquelle ils ont été voués dans l’origine : la terre enfin peut se refuser à un genre de culture pour les produits de laquelle il y a beaucoup de demandeurs.

Il est impossible de suivre les variations des profits dans tous les cas particuliers ; ils peuvent subir des variations extrêmes en raison d’une découverte importante, d’une invasion, d’un siége. L’influence de ces circonstances particulières se combine avec l’influence des causes générales, mais ne la détruit pas. Un traité, quelque volumineux qu’on le suppose, ne saurait prévoir tous les cas particuliers qui peuvent influer sur la valeur des choses ; mais il peut assigner les causes générales et celles dont l’action est constante ; chacun peut ensuite, selon les cas qui se présentent, apprécier les modifications qui sont résultées ou qui doivent résulter des circonstances accidentelles.