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DE LA DISTRIBUTION DES RICHESSES.

vous vendrez chez nous. » La vanité des ministres français y consentit. Bientôt on vit arriver les faïences anglaises : elles étaient légères, à bon compte, d’une forme agréable et simple ; les plus petits ménages s’en procurèrent ; il en vint pour plusieurs millions, et cette importation s’est répétée, augmentée chaque année jusqu’à la guerre. Les envois de porcelaine de Sèvres ont été peu de chose auprès de cela.

Le débit des articles courans est non-seulement le plus considérable, il est encore le plus assuré. Jamais marchand n’a été long-temps embarrassé d’une provision de toile à faire des draps ou des chemises.

Les exemples que j’ai choisis dans l’industrie manufacturière ont des équivalens dans les industries agricoles et commerciales. Il se produit et se consomme en Europe pour une valeur bien plus grande de choux, qu’il ne se consomme d’ananas ; et les superbes châles de Cachemire sont en France un objet de commerce bien borné auprès des cotons en laine qu’on fait venir tous les ans d’outre-mer.

C’est donc un mauvais calcul pour une nation de se faire marchande d’objets de luxe, et de recevoir en retour des choses d’une utilité commune. La France envoie en Allemagne des modes, des colifichets qui sont à l’usage de peu de personnes, et l’Allemagne lui fournit des rubans de fil et d’autres merceries, des limes, des faulx, des pelles et pincettes, et d’autres quincailleries d’un usage général, et pour lesquelles il y a jusque dans nos villages des consommateurs forcés et un marché toujours ouvert. Aussi, sans les vins, sans les huiles de France, sans les produits toujours renaissans d’un sol favorisé de la nature, et quelques autres objets d’une industrie mieux entendue, la France ferait avec l’Allemagne moins de profits que l’Allemagne n’en fait avec elle. On en peut dire autant du commerce français dans le Nord.

CHAPITRE VII.

Des revenus industriels.

§ I. — Des Profits de l’Industrie en général.

Nous avons vu (liv. I, chap. 15) les motifs qui favorisent la demande des produits en général. C’est le nombre, c’est la richesse des consommateurs. En même temps que la civilisation multiplie leurs besoins, elle étend leurs facultés. Ils désirent plus vivement et paient mieux les ser-