Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/16

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et leurs érudits devaient prendre possession de la cour des Khalifes.

Une tendance toute contraire, celle des monophysites qui absorbaient l’humanité de Jésus dans sa divinité et arrivaient même à nier qu’il eût habité un corps semblable au nôtre, rayonnait également de la Syrie sur l’Arabie, surtout depuis qu’elle avait été rajeunie par le moine énergique Jacques Baradaï, et avait reçu le nom de jacobitisme[1]. Mais elle avait réussi surtout dans la vallée du Nil, et de là pénétré surtout dans l’Arabie du Sud et même du centre où nous retrouverons une de ses ramifications. Remarquons seulement dès maintenant que la tendance monophysite venait de produire peu de temps avant Mahomet, dans la seconde moitié du sixième siècle, une de ses plus singulières réactions, le trithéisme de Philoponus, dont quelque notion confuse a fort bien pu arriver jusqu’à la Mecque[2].

Antérieurement même à ces deux courants en sens inverse, Épiphane constate deux hérésies opposées sur la Vierge Marie, toutes deux parmi les chrétiens arabes. L’illustre évêque de Salamine, conformément aux idées dominantes vers la fin du quatrième siècle, regarde également

  1. Pour étudier toutes ces questions au point où elles étaient arrivées dans les sixième, septième, huitième siècles de notre ère, nulle source de renseignements n’est plus précieuse que les Œuvres de Saint Jean Damascène, l’infatigable controversiste qui a écrit contre toutes les hérésies, et contre l’islamisme considéré comme une hérésie. Elles ont été publiées par Lequien en 2 vol. in fol. Paris 1712. V. aussi Assemanni ; parmi les historiens ecclésiastiques, les § 68 et s. de l’Histoire des Dogmes de Gieseler ; et l’article sur Jean Damascène dans l’Encyclopédie Herzog.
  2. Leontii Byzantini De Sectis, Actio V, ch. 6. Nous y reviendrons dans notre cinquième chapitre.