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de Marie. Cette peur, cette honte que lui attribue le Coran, ne se trouvent pas plus chez les apocryphes que dans Saint-Luc. S’il y a loin de l’admirable Magnificat au très-médiocre récit du Protévangile de Jacques[1], ici même Marie répond aux reproches injurieux de Joseph, avec des larmes sans doute, mais avec fermeté et sans hésitation, et dans l’évangile arabe, aussitôt que son fils a vu le jour, elle proclame hautement leur grandeur à tous deux[2]. Mahomet, avec son esprit positif et littéraliste lorsqu’il n’était pas emporté par son enthousiasme déiste, était absolument réfractaire, en ceci comme ailleurs, au mysticisme chrétien.

Après la nativité, l’information historique du Coran devient de plus en plus pauvre et erronée, de relativement précise et abondante qu’elle était auparavant. La fuite en Égypte, comme on l’a vu par l’épisode du palmier, s’était fondue dans le récit même de la Nativité, nouvelle preuve du travail destructeur de la tradition orale. Le seul fait important que nous trouvions maintenant c’est le miracle des oiseaux ; il n’est indiqué qu’en peu de mots : « je formerai de boue la figure d’un oiseau, je soufflerai sur lui, et par la permission de Dieu l’oiseau sera vivant »[3]. Mais cela est bien suffisant pour reconnaître l’historiette racontée sous deux formes différentes par l’évangile arabe[4] : ou bien l’enfant Jésus jouant avec ses camarades, s’amusant à modeler des oiseaux avec de la terre glaise, et prouvant sa naissance divine par l’ordre qu’il leur donne de s’animer et de s’envoler ; ou bien un Juif s’irritant de ce que Jésus s’est

  1. Luc I, 46—55. — Prot. Jac. ch. XIII et XV.
  2. Ev. inf. arab. ch. III : Sicuti filio meo nemo inter pueros par est, ita ejus genitrix nullam inter mulieres parem habet.
  3. S. III, v. 43.
  4. ch. XXXVI et XLVI.