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Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/48

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III. LA DESTINÉE FINALE DE JÉSUS.

Le Coran ne dit rien des circonstances qui amenèrent la condamnation de Jésus, sinon qu’il était en butte aux méchancetés des Juifs. Mais, chose essentielle, il nie la réalité de la crucifixion : « Les Juifs disent : Nous avons mis à mort le Messie, Jésus fils de Marie, l’envoyé de Dieu. Non, ils ne l’ont point tué, ils ne l’ont point crucifié ; un homme qui lui ressemblait fut mis à sa place, et ceux qui disputaient là-dessus ont été eux-mêmes dans le doute. Ils ne le savaient pas de science certaine, ils ne faisaient que suivre une opinion. Dieu l’a élevé à lui, et Dieu est puissant et sage »[1]. Telle est la déclaration qui depuis douze siècles domine toutes les notions d’une grande partie du genre humain sur le Sauveur : il n’a pas été crucifié, un autre l’a été à sa place, et la chrétienté est dupe de cette substitution. Comment s’est-elle opérée ? Le Coran ne le dit pas, et les commentateurs sont divisés : suivant les uns, Jésus aurait demandé lequel de ses disciples voulait mourir à sa place, et l’un d’eux se serait proposé ; suivant les autres, un ange en emportant Jésus dans les airs, aurait donné ses traits à l’un des apôtres ou à tout autre, si bien que certains Juifs disaient : nous reconnaissons sa figure, mais non pas son corps. Ces interprétations vraiment musulmanes, valent mieux que celle de Jean Damascène, d’après laquelle les Juifs (il n’est pas question de Ponce Pilate et des Romains) auraient, selon Mahomet, crucifié l’ombre de Jésus : rien de moins docète que l’Islam, Gerock le remarque avec raison.

  1. S. IV, v. 156.