Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/50

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supplice de la croix avec toutes les ignominies qui étaient destinées à cet homme surnaturel, à ce grand Saint, à ce glorieux prophète… Plusieurs imans croient cependant à la mort réelle de Jésus-Christ, à sa résurrection et à son ascension, comme il l’avait prédit lui-même à ses douze apôtres, chargés de prêcher en son nom la parole de Dieu à tous les peuples de la terre ». Il n’est pas étonnant que la connaissance des textes évangéliques ait détourné quelques membres du clergé musulman des grossières erreurs de leur prophète ; mais la croyance orthodoxe et presque universelle est bien restée celle du Coran, et l’on a trouvé moyen de retourner contre les chrétiens l’argument tiré des textes évangéliques. Behaeddin, missionnaire ismaélite du temps des croisades, a écrit des traités de propagande à l’adresse des chrétiens. Dans l’un de ces traités[1], il leur reproche de croire à la crucifixion, et de prendre au pied de la lettre la prophétie de Jésus : Abattez ce temple, et je le relèverai dans trois jours… Mais il parlait du temple de son corps[2]. Selon Behaeddin la disparition des trois jours doit être entendue allégoriquement. Voilà comment tous les gnosticismes se rencontrent, celui du christianisme et celui de l’Islam.

La crucifixion n’étant pas réelle, qu’est donc devenu Jésus ? Les Musulmans et Mahomet lui-même ont été égarés en toutes sortes d’incertitudes et de fantaisies par l’absurdité de leur point de départ. Comment mettre d’accord ces mots : « c’est moi qui te fais subir la mort », indiquant que Jésus après avoir échappé à la croix est mort (quand

  1. Silvestre de Sacy, Exposé de la religion des Druzes, T. I, p. 527 ss. sur Hamza et Behaeddin.
  2. Jean II, 19, 21.