Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/59

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se rappeler ce que nous avons dit dans nos deux premiers chapitres des divers courants chrétiens qui s’étaient infiltrés en Arabie avant le prophète, et encore pendant les années de sa jeunesse : les uns, venant du côté nestorien, accusaient d’idolâtrie l’orthodoxie des conciles ; les autres, venant du côté monophysite ou du côté trithéiste, compromettaient l’orthodoxie des conciles, et les uns comme les autres indignaient contre la doctrine chrétienne en général ce déisme ardent, absolu et inflexible, qui fut l’élément intéressant et sincère de la pensée de Mahomet.

Mais aucun de ces courants, aucune de ces querelles n’explique ce fait bizarre, et pourtant incontestable, que Mahomet trouvait les trois personnes de la Trinité non pas dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, mais dans Allah, Jésus et Marie : « Dieu dit à Jésus : As-tu jamais dit aux hommes, Prenez pour dieux moi et ma mère, à côté du Dieu unique ? […] Le Messie, Jésus, fils de Marie, est l’apôtre de Dieu et son verbe qu’il jeta dans Marie ; il est un esprit venant de Dieu. Croyez donc en Dieu et à ses apôtres, et ne dites point : Il y a Trinité ».[1] Ces versets sont bien clairs, ils sont encore complétés par ce fait que la notion chrétienne du Saint-Esprit est partout absente du Coran : l’Esprit, c’est, ou bien comme nous le voyons ici, Jésus lui-même, ou bien la volonté de Dieu représentée par l’ange Gabriel, c’est-à-dire encore par un messager,

    proferente Ecclesia, respondebat Philoponus, admittendum ut tres naturas in sacrosancta Trinitate profiteamur. Haec autem dicebat, occasionem ex aristotelicis nactus. Tradit enim Aristoteles individuorum et particulares esse substantias, et unam communem. Sic igitur et Philoponus aiebat esse tres particulares in sancta Trinitate substantias, et unam communem.

  1. S. V, v. 116 ; S. IV, v. 169.