Page:Sayous - Jésus-Christ d’après Mahomet.djvu/66

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Traduisons le sémitique en japhétique — dans le sens que cette locution trop employée peut vraiment avoir — et nous obtiendrons cette thèse : Aucun des prophètes venus jusqu’ici, Jésus pas plus que Moïse, n’a apporté la vérité religieuse définitive. Ils ont tous été, même le dernier et le plus grand, Jésus, des avertisseurs et des réformateurs d’Israël préparant les voies au dernier et définitif prophète que je suis. Les disciples de Jésus ont eux aussi besoin de se convertir, ils n’ont pas le droit de s’appeler eux-mêmes, d’une façon spéciale, les enfants de Dieu.

Ceci a été dit à Médine, dans la période brillante et dernière de la vie du prophète victorieux. C’est alors seulement, et même vers la fin de cette dernière période, dans les trois ou quatre ans qui ont immédiatement précédé sa mort, qu’il est entré en conflit avec les chrétiens, jusque-là soigneusement ménagés. Le prophète avait renoncé alors au syncrétisme qui avait été son premier projet, pour ne pas dire sa première manière ; il était devenu le fondateur d’une religion décidément nouvelle, il avait détourné sa qibla, son orientation pendant la prière, de Jérusalem vers la Mecque ; et cette religion s’étendait victorieusement par le glaive. Désormais Jésus au lieu d’être un auxiliaire, devenait presque un ennemi. Aussi le prophète, dans l’âme duquel le déiste enthousiaste et sincère faisait place de plus en plus à l’imposteur et au charlatan, le prophète conquérant, impatient des résistances chrétiennes, s’exprime dans une de ses dernières sourates, avec une aigreur toute nouvelle : « Les chrétiens disent : Le Messie est fils de Dieu. Telles sont les paroles de leurs bouches, ils ressemblent en les disant aux infidèles d’autrefois. Que Dieu leur fasse la guerre. Qu’ils sont men-