Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Qui le voulait faire cornard,
Il donna cent coups de poignard.
Par la mort de ce fou de Pyrrhe,
La belle moitié de l’Epire
Fut offerte par grand bonheur
Au sage Hélénus mon seigneur,
Qui me fait partager sa couche :
Sans faire la petite bouche,
A laquelle fait venir l’eau
Ordinairement tel morceau,
Et pour lequel morceau l’on ose,
Bien plus que pour toute autre chose,
Du peuple qui lui présenta
Le diadème il accepta,
Dont j’eus une joie infinie.
Lors il voulut que Chaonie,
Du nom de Chaon le Troyen,
Succédât au nom ancien,
Et fit faire une citadelle
Le mieux qu’on put, sur le modèle
D’Illion, pour que l’avenir
Du vrai Pergame eût souvenir.
Or voilà toute mon histoire.
Allons, mon cher hôte, allons boire,
Et me faites, chemin faisant,
Le récit fâcheux ou plaisant
De vos aventures passées,
Et combien a de dents percées
Iülus que vous aimez tant.
A propos, il n’est plus enfant,
Il est grand comme père et mère.
A-t-il senti douleur amère
Quand il a perdu sa maman ?
Faites-lui montrer l’allemand,
C’est une langue fort en vogue.
Est-il d’un esprit doux ou rogue ?
Tient-il de vous, tient-il d’Hector ?
Le bonhomme vit-il encor ? "
Après demande sur demande,
Il lui prit une douleur grande :
Ses