Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/368

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D’un rocher assis près de là,
Qui ne servait rien qu’à cela
Voyant la céleste carogne,
Il abandonna sa besogne,
Et reboutonna son pourpoint.
"Mon Dieu, ne vous détournez point
De cet agréable exercice, "
Dit des gouges l’impératrice,
D’un ton de voix doux comme un luth.
Après un gracieux salut,
Ainsi parla le roi de l’onde :
"Je ne saurais pas bien mon monde,
Et je manquerais d’entregent,
Quand je recevrais de l’argent,
Si je ne laissais mon ouvrage
Lorsque dame de mon lignage,
Et que j’aime d’affection
M’honore de sa vision.
Quel bon vent ici vous amène ?
— De Junon l’implacable haine,
Lui dit-elle, qui depuis peu
A mis toute la flotte en feu
De mon fils, et dans sa boutade,
De mon fils même eût fait grillade,
S’il n’était homme à quereller
Quiconque le voudrait brûler.
Chacun en notre cour céleste
La hait et fuit comme la peste,
Et, si Jupiter faisait bien,
Il l’étrillerait comme un chien,
Aussi bien ce n’est qu’une chienne.
Le sac de la ville troyenne,
Le temps qui remédie à tout,
N’a point mis sa rancune à bout :
Des lois du sort la dame fière
Se torche souvent le derrière ;
Mais, hélas ! vous la connaissez,
Ses faits la découvrent assez.
L’autre jour, dans la mer libyque,
Ce bon corps à faire relique